OEA/ Commission interaméricaine des Femmes : Conférence sur l’émancipation économique des femmes, en présence de l’ancienne Ministre-déléguée Elisabeth Moreno.
L’élaboration d’une loi-cadre pour l’autonomisation économique des femmes est un projet porté par la Commission interaméricaine des femmes (CIM) et soutenu financièrement par la France à travers le Fonds Équipe France, d’un montant de près d’un million de dollars.
Le 12 novembre dernier, la CIM organisait une session de consultation du secteur privé (chambres de commerce, bailleurs multinationaux, spécialistes de la Banque mondiale et de la Banque interaméricaine de développement, cheffes d’entreprise…) en présence de la Secrétaire exécutive de la CIM, Alejandra Mora Mora, ainsi que de l’ancienne Ministre-déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno.
Le panel de discussion, organisé le 12 novembre dernier au siège de l’Organisation des Etats Américains (OEA), a permis à la CIM d’élargir les consultations sur la loi-cadre pour l’autonomisation économique des femmes au secteur privé et aux chambres de commerce, après une première consultation tenue avec les Etats-membres en mars dernier.
Intitulée « Le rôle du secteur privé dans l’autonomisation économique des femmes », cette consultation a donné lieu à une conférence introductive d’Elisabeth Moreno et à 2 panels de discussion.
Mme Elisabeth Moreno, établissant un lien entre l’émancipation économique des femmes et les différentes formes de violence qu’elles subissent, tant en Amérique du Sud que dans le reste du monde, a profité de cet évènement pour mettre en avant les avancées françaises en la matière.
Mme Moreno a évoqué son expérience en tant que Ministre, revenant par ailleurs sur les bonnes pratiques de la France en matière d’égalité dans le monde professionnel. De son expérience dans le secteur public, elle soulignait notamment l’augmentation du nombre de femmes au Parlement et à des postes à responsabilité au sein du Ministère. Elle a également mentionné la loi Rixain qui établit un quota de 40% de femmes dans les postes à responsabilité des entreprises d’ici 2030, en affirmant les bienfaits d’une telle régulation, qu’elle considère comme une réponse nécessaire à l’exclusion historiques des femmes des sphères économiques et sociales.
Les initiatives françaises visant à former les femmes à la gestion d’entreprise et à l’entreprenariat, notamment avec des programmes de mentors et réseaux de soutiens, mais aussi les efforts visant à combattre les stéréotypes de genre afin de générer un changement culturel profond, ont été largement mis en lumière par l’intervention de Mme Moreno.
Le premier panel de discussion intitulé « Bonnes pratiques et stratégies pour l’insertion professionnelle des femmes » était modéré par l’Ambassadrice Céline Giusti, Observatrice permanente de la France auprès de l’OEA. Ilrassemblait Cindy Quesada Hernández, Ministre de la condition féminine du Costa Rica ; Natália Mazoni, spécialiste du secteur privé, Women Business and the Law à la Banque mondiale ; Carina Lupica, spécialiste principale de la Division du genre et de la diversité à la Banque Interaméricaine de Développement ; Ana Helena Chacón, conseillère principale en politiques publiques pour l’Université d’Oxford ; Patricia Elisa Rivera, directrice de l’équipe de plaidoyer de Vital Voices Global Partnership et enfin Maria Claudia Camacho, cheffe de la section du travail et de l’emploi du Secrétariat exécutif au développement intégral (SEDI) de l’OEA.
Regroupant des panélistes d’une grande variété de secteurs, le dialogue a porté sur les bonnes pratiques et stratégies pour l’insertion professionnelle des femmes. Ce fut l’opportunité pour les participantes d’évoquer les avancées et les réussites nationales et régionales en matière d’insertion professionnelle de ces dernières années, tout en mettant l’accent sur le long chemin qu’il reste encore à parcourir et les nombreux obstacles qu’il est urgent de surmonter.
Parmi ces obstacles, les expertes ont mentionné l’existence de stéréotypes, la pénalisation de la maternité dans le monde du travail, les inégalités salariales, la discrimination et l’exclusion des femmes indigènes ou encore le manque d’accès à l’éducation dès le plus jeune âge.
Le second panel, modéré par l’Ambassadrice de la République Dominicaine auprès de l’OEA, Mayerlyn Cordero Diaz, portait sur « La coresponsabilité des entreprises en matière de soin comme mesure d’égalité entre les femmes et les hommes. » Il faisait intervenir des participantes de divers horizons, telles que Ana Maria Choquehuanca, ancienne présidente du conseil d’administration de l’Asociación Nacional de Gremios PYME Perú et présidente du comité des petites et moyennes entreprises de la Chambre de commerce internationale ; Mariamalia Guillén Solano, présidente du Programme Femme Entrepreneuse de la Chambre du Commerce du Costa Rica ; Angela Franco, présidente et directrice générale de la Chambre de commerce du comté de Montgomery (MCCC) ; Isabel Quiroz, directrice exécutive de l’Association des chambres de commerce américaines en Amérique latine et dans les Caraïbes (AACCLA) auprès de la Chambre du commerce des États-Unis.
Les diverses participantes ont mis en lumière la nécessité pour les entreprises de renforcer leur engagement en faveur du soin, en mettant en place une série d’avantages pour les employées, ce qui vise à rendre plus accessible le monde professionnel. Un soutien mutuel et une responsabilité partagée contribuent, selon les expertes, à la construction d’un monde du travail plus juste et plus inclusif, renforçant la productivité, l’innovation, la compétitivité au sein du secteur privé, et la cohésion sociale, tout en permettant de valoriser les femmes comme force de travail essentielle.
Ces réunions d’expertes visaient à nourrir les réflexions de la CIM dans l’élaboration de la loi-modèle et permettaient à la CIM de préparer un premier projet de loi qui sera par la suite partagé aux expertes afin d’obtenir leurs commentaires.
En outre, cette visite a permis à la Mission d’organiser plusieurs évènements connexes en présence de l’ancienne Ministre, dont une discussion informelle « petit-déjeuner » autour de l’émancipation des femmes et l’égalité de genre dans le monde professionnel regroupant des Ambassadrices de l’OEA et des femmes occupant un poste à responsabilité au sein du secrétariat général de l’OEA ou de la CIM.
Rassemblant un groupe de 22 femmes, toutes jouant un rôle primordial au sein de l’organisation, cet évènement informel a été une véritable occasion de souder des liens déjà existants entre les femmes de l’OEA. La présence des nombreuses Ambassadrices marquait, en effet, leur volonté de renforcer ce réseau de femmes, et de s’engager en faveur d’un renforcement de la coopération et la solidarité féminine.