De l’observation à la présence, de la présence à l’influence

Les travaux de l’Organisation des États Américains ne peuvent laisser indifférent le pays européen le plus implanté territorialement sur le continent. La France est plus qu’un observateur dans cette enceinte. Elle y acquiert une vision d’ensemble sur le seul forum de dialogue interaméricain regroupant les 34 États du continent (un pays, Cuba, a choisi de ne pas réintégrer l’Organisation). Elle peut y faire valoir ses positions et y défendre ses intérêts. Elle peut enfin y agir en soutien des efforts déployés par les ambassades bilatérales et par les Représentations permanentes dans les autres organisations internationales. L’OEA est pour notre pays à la fois un formidable observatoire et un champ d’action privilégié. La diplomatie hémisphérique est, en effet, partie intégrante de la diplomatie globale.

Observation

L’OEA est un point de convergence unique, car elle est à la fois la plus ancienne des enceintes interaméricaines et la plus inclusive des structures intégrées d’un continent tiraillé en permanence par des forces centrifuges mais soudé aussi par les valeurs partagées des pays démocratiques. La France y entretient des relations suivies avec ses partenaires américains, avec les pays influents de la région auprès desquels elle bénéficie d’une relation qui n’est obscurcie par aucun passé colonial, souvent renforcée même par une admiration profonde remontant aux Lumières.

La France est un pays des Amériques par quatre de ses Départements (ses deux frontières les plus longues sont avec le Brésil et le Suriname). Elle ne peut pas faire l’économie d’une connaissance approfondie d’une région qui représente l’un des grands pôles de stabilité du monde. Le continent américain est un ensemble de près d’un milliard de personnes, jeune, puissant, à la recherche d’une cohérence dans la diversité, aussi riche en talents qu’en matières premières, mû par une dynamique économique qui en fait un réservoir de croissance du monde globalisé. Parce que l’Organisation se trouve à Washington, elle y bénéficie d’un fort rayonnement ; les médias et les think tanks scrutent les évolutions de l’hémisphère et la vision d’ensemble qu’ils en donnent est précieuse pour mieux comprendre l’évolution du monde.

Présence

L’OEA a une activité normative importante. Même si le processus intégrationniste américain est fractionné et inégal, il s’agit bien d’une organisation qui exerce, à petites touches mais de manière irréversible, une influence croissante sur les législations nationales. L’OEA a soutenu avec succès le processus de démocratisation en Amérique latine au sortir des dictatures militaires. Si elle a donné le sentiment d’être désarmée face au coup d’Etat au Honduras, son impuissance était aussi celle de la Communauté internationale. Auparavant, elle avait prouvé qu’elle pouvait prévenir ou atténuer les crises : la Bolivie a bénéficié de son intercession et l’Organisation a pu contribuer à empêcher qu’un processus électoral ne débouche sur la violence ; la même chose s’est produite en Equateur. L’Organisation a contribué au processus de réconciliation nationale en Colombie, mais aussi au dialogue entre le Guatemala et le Belize.

Dans le domaine de la lutte contre les abus de drogue ou de la lutte contre le terrorisme, dans celui de la promotion et de la défense des droits de l’Homme, dans ceux de la bonne gouvernance, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, de la justice et du développement durable, l’OEA dispose d’instruments d’action qui lui permettent de jouer un rôle directeur a minima mais finalement efficace.
La France ne peut lutter contre le narcotrafic dans la Caraïbe et entre le continent américain et le golfe de Guinée sans coopérer, d’une façon ou d’une autre, avec la Commission Interaméricaine contre les Abus de Drogue (CICAD) et la Commission Interaméricaine contre le Terrorisme (CICTE) ou jouer un rôle pour rapprocher les réseaux de coopération judiciaire américain et européen.

La France ne peut défendre l’universalité des Droits de l’Homme et ne pas suivre et encourager les activités de la Commission et de la Cour Interaméricaines compétentes. Elle ne peut disposer de plusieurs centres de l’Institut Pasteur en Amérique et développer dans ses Départements une politique de santé publique exemplaire sans participer activement aux travaux de l’OPS (ses centres de recherche agronomiques installés dans les DFA –IICA, notamment-, étant par surcroît susceptibles d’apporter à la région une expertise de haut niveau). La France ne peut être l’un des deux principaux acteurs de la reconstruction d’Haïti sans concertation avec les pays du continent et donc avec l’OEA qui participera à la modernisation du cadastre, à la préparation des élections et à la remise en état de l’Etat-civil.

Influence

L’OEA à Washington est une formidable caisse de résonance. La France peut y toucher les 34 pays participant activement à ses activités, représentant autant de voix aux Nations Unies. Les représentations permanentes des pays américains étant par surcroît dirigées par des personnalités influentes dans leur pays d’envoi, diplomates de carrière de haut niveau ou hommes politiques en mission, elle y dispose d’interlocuteurs de qualité.

Une coopération continue

Depuis 1972, la France possède le statut d’Observateur permanent au sein de l’OEA, possibilité ouverte par la résolution d’avril 1971. A ce jour l’OEA accueille 64 Etats non-américains avec statut d’observateurs permanents. La France est avec l’Espagne et l’Italie les seuls pays observateurs permanents qui disposent d’une Représentation dédiée auprès de l’OEA.

Pour 2018, la Mission permanente de la France auprès de l’OEA coopère avec l’OEA en se concentrant sur les droits de l’Homme et la francophonie. La question des droits de l’Homme est un élément central de l’action de l’OEA qui, grâce au Système interaméricain de protection des droits de l’Homme (Cour et Commission interaméricaines) promeut le respect des droits de l’Homme sur le continent américain. Cette Mission continue d’accompagner le travail de la CIDH en prolongeant le soutien financier qu’elle lui a apporté depuis plusieurs années, en lui versant une contribution annuelle. De plus, cette Mission accompagne la promotion des droits des femmes à l’OEA, notamment en versant une subvention à la Commission Interaméricaine des femmes (CIM).

La chancellerie politique se compose d’un Ambassadeur, d’un adjoint, d’un volontaire international et d’un chauffeur.

Dernière modification : 16/01/2018

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