Objectifs du millénaire pour le développement/développement durable
La France s’est engagée au plus haut niveau dans la définition d’un nouvel agenda universel des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) après 2015, intégrant les agendas du développement humain et du développement durable, pour mobiliser l’ensemble des acteurs et des partenaires pour le développement.
C’est à ce titre que la France a parrainé, avec le Costa Rica, la Consultation thématique sur la durabilité environnementale organisée par le PNUD et le PNUE dans le cadre de l’élaboration des priorités de développement après 2015. La consultation est à l’origine d’un rapport « Vers une approche décloisonnée : Promouvoir l’intégration de la durabilité environnementale dans le programme de développement pour l’après-2015 ».
Cette consultation, et le rapport qui en est issu, était le thème de la rencontre organisée à l’initiative du Secrétariat général de l’OEA, qui avait invité à cette occasion le Vice-ministre de l’environnement du Costa Rica et la Mission permanente de la France à l’OEA.
Sont intervenus à cette table ronde, outre l’Ambassadeur Jean-Claude Nolla, Observateur permanent de la France à l’OEA, le Secrétaire général de l’OEA, M. José Miguel Insulza, M. S.E Lino Chaves, Vice-ministre de l’eau et de la mer du Costa Rica, l’Ambassadeur Alfonso Quiñonez, Secrétaire des relations extérieures du Secrétariat général de l’OEA, ainsi que l’Ambassadeur Edgar Ugalde, Représentant permanent du Costa Rica à l’OEA.
Les deux Etats ont notamment insisté sur l’implication de l’OEA, depuis longtemps déjà, sur les problématiques de développement durable et de lutte contre le changement climatique. L’existence d’un organe de direction politique consacré spécifiquement à cette thématique, le Conseil interaméricain du développement intégral (CIDI), qui intervient à l’égal du Conseil permanent de l’OEA. Les deux Etats ont également souligné le fait que le développement durable est un défi commun à tous, qui nécessite une réponse universelle.
A deux ans de 2015, la France redouble ses efforts pour contribuer à la réalisation des OMD, en particulier dans les pays les plus en retard, tout en s’investissant activement dans la réflexion internationale sur le prochain cadre de développement après 2015. 2015 sera une année fondamentale pour les négociations climatiques car la France accueillera la COP21 à Paris, dans le sillage et avec l’impulsion de la COP20 à Lima et de la Pré-COP 2014 au Venezuela.
Intervention « Breaking down the silos ». 3/12/2013
« Monsieur le Ministre,
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Messieurs les Ambassadeurs, Représentants permanents du Costa Rica,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
« Breaking down the silos ». J’ai eu un peu de mal à savoir de quoi il s’agissait quand on m’a invité à intervenir sur ce thème : Briser les silos, mettre à bas les silos ce n’est pas un exemple de politique et d’environnement durables ; surtout quand on sait que près de 30% des récoltes céréalières mondiales peut être perdu pour mauvais ensilage ou faute d’ensilage. L’expression équivalente en français n’est guère plus parlante on dit « approche décloisonnée », difficile à traduire, enfin de compte je crois que la meilleure traduction doit être « breaking down the silos ».
1/. A moins de deux ans de 2015, nous devons, tous ensemble, redoubler nos efforts pour contribuer à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, en particulier dans les pays les moins avancés, mais également nous investir activement dans la réflexion internationale sur le prochain cadre de développement après 2015.
Cette réflexion est vitale. Elle doit se faire avec l’ensemble des acteurs concernés et tous les partenaires du développement. La France plaide en faveur de consultations les plus larges possibles avec la société civile, les autorités locales, les populations concernées et les acteurs privés.
C’est pour ce motif que nous avons souhaité parrainer cette consultation thématique sur la durabilité environnementale conduite par le Programme des Nations Unies pour le Développement et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement dans le cadre de l’élaboration des priorités de développement après 2015. Nous l’avons fait avec le Costa Rica. Nous l’avons fait naturellement avec le Costa Rica. C’est un partenaire que nous connaissons bien et que nous estimons : il a dans ce domaine une histoire et une politique exemplaires.
J’ai une particulière fierté d’intervenir, sur ce sujet sensible, au côté du Ministre, M. Jose Lino Chaves. Je voudrais saluer, ici, son engagement, et, avec lui, celui de toutes les autorités du Costa Rica, notamment son Ambassadeur à l’OEA, qui m’a accueilli avec mille conseils et prévenances il y a quelques mois, mais aussi bien sûr l’ensemble des Costariciens qui ont choisi de faire de la protection de l’environnement une de leurs priorités politiques à la fois à l’intérieur mais aussi à l’international. Nous nous félicitons de notre collaboration et de la qualité de notre partenariat sur les questions climatiques et environnementales, et nous sommes déterminés à le voir se poursuivre après 2015.
La Consultation thématique mondiale pour un environnement durable, sur la durabilité environnementale pour l’après-2015 que nous évoquons aujourd’hui a fait partie d’un engagement mondial sans précédent dans l’élaboration du futur programme de développement. Elle a répondu pleinement à ses trois objectifs :
• Faciliter et encourager un dialogue ouvert,
• stimuler une réflexion et une pensée inventives, imaginatives, créatrices
• commencer à construire le consensus nécessaire.
En un an, cette consultation a réussi à engager plus de 5000 personnes venant du monde entier, de tous les horizons de la connaissance et du savoir, et de toutes les pratiques de la participation citoyenne.
Le rapport final capte l’essence et les messages clés des représentants de la société civile qui ont choisi d’axer le dialogue sur les liens entre la durabilité environnementale et le développement. Il reflète la nécessité de fonder notre action sur des principes d’intégration, d’égalité, de respect des droits de l’homme et de la résilience afin d’intégrer pleinement la durabilité environnementale. Plus particulièrement, il appelle à une action collective urgente dans les domaines liés à
• la transformation économique,
• la gouvernance,
• l’action locale et l’autonomisation
• l’éducation.
Il permet également de donner des illustrations concrètes du lien entre la durabilité environnementale et les thèmes centraux des politiques de développement : la réduction de la pauvreté, l’égalité, les droits de l’homme, la paix et la sécurité ; le rôle du secteur privé et l’importance de l’éducation ainsi que l’enjeu de l’autonomisation de la société civile et enfin, et c’est un élément décisif du succès final : l’intégration des spécificités des contextes locaux pour la traduction d’objectifs universels communs en action concrète au niveau local.
Cette consultation est désormais achevée, mais elle doit continuer à vivre.
Dans la conception des autorités françaises, ce rapport « vers une approche décloisonnée » constitue un instrument puissant qui permet d’orienter et d’influencer les débats sur le programme de développement pour l’après-2015 en prenant en compte, de la manière la plus générale, les liens entre développement humain et enjeux environnementaux. Il faut que nous puissions tous nous l’approprier afin qu’il serve de base à une sensibilisation et un dialogue continus à travers réseaux, plates-formes et consultations régionales et nationales à venir.
2/. Lors de l’événement spécial de haut niveau du 25 septembre dernier, la communauté internationale a souhaité assurer le rapprochement des agendas du développement humain et du développement durable. Ces deux processus aboutiront, en 2015, à l’adoption d’un seul agenda universel, intégrant les trois piliers du développement durable. Cette approche intégrée et globale est indispensable.
En effet, les derniers rapports des Nations-Unies sur les OMD soulignent à quel point les progrès réalisés sont aujourd’hui limités, voire compromis, par d’autres enjeux insuffisamment pris en compte : la montée généralisée des inégalités, l’accélération du changement climatique, la dégradation sévère de nos écosystèmes ou l’instabilité du système financier international. Ces grands déséquilibres, engendrés par nos modèles de croissance actuels assombrissent nos perspectives de développement humain.
Je voudrais donner quelques exemples éclairants de ce phénomène :
• L’éradication de la pauvreté est désormais inconcevable sans stratégie de développement durable.
• L’accès à l’eau pour tous ne saurait être garanti sans une réduction de la pollution et la protection de nos écosystèmes. Il en va de même pour la sécurité alimentaire et la santé.
• L’accélération du changement climatique menace également des millions de personnes qui pourraient devenir des réfugiés climatiques et des systèmes économiques entiers, en premier lieu dans les pays en développement.
Dans ces conditions il y a urgence à s’engager sur des trajectoires de développement soutenable, pour l’homme et la planète. La France soutient ainsi une définition de l’agenda après 2015 intégrant pleinement l’objectif de la « soutenabilité environnementale et climatique », sans lequel il nous sera impossible de garantir à bientôt 9 milliards d’individus les mêmes opportunités et l’éradication de la pauvreté. Cet impératif suppose une transition collective vers des modes de production et de consommation durables, dont les pays riches devront être à l’avant-garde – la France et l’Union européenne s’y engagent. Elle implique aussi une solidarité internationale renforcée pour accompagner les pays les moins avancés vers le développement durable par des transferts technologiques et financiers.
2015 sera ainsi une année fondamentale pour les négociations climatiques, c’est notre cap et je ne doute pas que nous parviendrons à sceller ensemble un accord ambitieux, équilibré et contraignant, à Paris, lors de la COP21. Dans le sillage et avec l’impulsion des résultats de la COP20 à Lima et de la PréCOP 2014 au Vénézuela.
3/. Je crois qu’il faut remercier les plus de 5000 participants à la consultation, mais il faut également saluer le travail remarquable du secrétariat de l’OEA en matière de réflexions et d’actions pour promouvoir le développement durable.
C’est la norme au sein de cette organisation de considérer que les agendas sont liés, et qu’aucun projet de développement ne peut avoir de succès sans intégrer la dimension environnementale. L’organisation du secrétariat pour le développement intégral et la place du Département pour le développement durable l’illustrent.
La problématique du développement durable et de la lutte contre le changement climatique est présente depuis longtemps au sein de l’Organisation des Etats américains. Ce n’est pas un hasard si nous faisons aujourd’hui cet exercice de présentation conjoint ici : les questions de développement durable affectent non seulement les questions de développement, comme en témoigne ce rapport du PNUD et du PNUE, mais également, sous une forme ou sous une autre, chacun des principaux domaines d’activité de l’OEA, qu’il s’agisse de la promotion de la démocratie –le droit à un environnement sain et durable devrait être inscrit dans le marbre des constitutions de toutes nos démocraties- et de la bonne gouvernance, des droits de l’homme ou de la sécurité.
Nous devons tous plaider activement pour une mobilisation des Amériques à la hauteur de leur responsabilité. Responsabilité comprise au sens positif, à savoir comme la capacité à engager une réponse collective au niveau du continent, qui serait, par construction, adaptée à l’éventail des défis et des positions des différents acteurs. L’élaboration du consensus régional serait dès lors le laboratoire, le modèle d’une solution plus globale. Le monde ne s’y trompe pas et regarde en cela avec attention vers le continent.
A cet égard, la succession des deux COP, en 2014 et 2015, des deux côtés de l’Atlantique, constitue une formidable opportunité de rapprocher l’Europe et les Amériques et d’engager un véritable travail en commun, via l’OEA notamment. Le France, qui succèdera au Pérou, a en cela une responsabilité certaine. C’est en raison de cette charge que le Ministre délégué au développement et l’envoyé spécial du Président de la République ont répondu à l’invitation de la Présidence péruvienne pour s’adresser au Conseil permanent et au CIDI en octobre dernier et rappeler l’urgence d’une action en commun s’agissant des menaces et des opportunités liées à l’environnement et au changement climatique. Ce sont là les conditions d’un succès global.
Merci de votre attention et de votre patience. »